[Enluminures] Jongleurs
[Enluminures] Jongleurs
Dijon - BM - ms. 0173, f.066 v- 12ème siècle
Musicien et Jongleur, Lat.1118, f.112v - 11ème siècle
Dernière modification par Lolek le 19 oct. 2007 21:40, modifié 1 fois.
Je crois que c'est un truc du genre "T'as un lapin sous la tunique ou bien c'est la joie de me revoir".
Ou alors c'est
"_ Et hop, le lapin a disparu!
_ Mais il est sur votre tête...
_ Absolument pas, je vous dis que le lapin a disparu, regardez, il n'est plus dans mon chapeau.
_ Oui, mais il est sur votre tête.
_ Absolument pas!..." etc. etc.
Ou alors c'est
"_ Et hop, le lapin a disparu!
_ Mais il est sur votre tête...
_ Absolument pas, je vous dis que le lapin a disparu, regardez, il n'est plus dans mon chapeau.
_ Oui, mais il est sur votre tête.
_ Absolument pas!..." etc. etc.
- Maude la Chaste
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mmm c'est ce qui s'appelle déterrer un sujet...
en fait je suis plus que septique par rapport au sujet de la première enluminure. Ce qui m'a mis la puce à l'oreille c'est ça :
De l'Antiquité, il nous est parvenu un certain nombre de représentations montrant un homme âgé, offrant à un jeune homme un petit lapin. Les textes sont clairs : c'est une invitation de la part de l'homme mur à initier le jeune homme (souvent un athlète) aux plaisirs homosexuels.
Cette enluminure pose la question suivante : est-ce que cette pratique et surtout cette iconographie, est toujours en vigueur au Moyen-Age ?
La réponse est, après quelques recherches, oui. La pédérastie est tolérée jusqu'au XIIIe, et l'homosexualité chez les nobles n'est même pas cachée (Froissart, un grand troubadour, fait l'éloge des seigneurs et de leur " marmouset").
Et pour conclure, petit extrait de l'étude de Laurioux sur le sujet, directement accessible sur internet
"Cette position unique, le lièvre la doit sans doute à sa mauvaise réputation. Aux yeux des théologiens de la Basse-Antiqui té et du Haut Moyen Age, il constitue en effet un animal "particulièrement lubrique" (expression que j'emprunte au DACL, sv "lièvre"). Un topos que l'on lit dans les commentaires du Lévitique en usage à l'époque de Zacharie — prenez, par exemple, celui d'Isidore de Seville ou celui de Bède ( Quisstiones in Leviticum, IX [= PL 83, 326] et Commentarti in Levitici librum, X [= PL 91 : 345]) — explique en effet qu'en interdisant de consommer la chair du lièvre, Dieu a voulu "mettre en accusation les hommes transformés en femmes", autrement dit les homosexuels2. Cette argumentation est reprise telle quelle d'un opuscule consacré aux Aliments des Juifs par un anti-pape du IIIe siècle, Novatien, qui, dans le cadre d'une interprétation strictement allégorique des interdits mosaïques, entendait attribuer à chaque animal impur des vices aussi ignobles qu'imprévus (De cibis judaicis [= PLZ ;957 sq.]). Au lièvre échut donc l'homosexualité.
[...] Pour de longs siècles, "un lièvre" signifiera un homosexuel et les homosexuels eux-mêmes adopteront ce surnom infamant. Il est d'ailleurs troublant de constater qu'une civilisation aussi éloignée que la Chine a procédé à la même assimilation 3. Si Boswell souligne avec raison qu'en approchant l'homosexualité de certains comportements animaux, on a voulu la stigmatiser, il est clair aussi qu'en faisant d'un animal le symbole de l'homosexualité, on le dévalorisait."
et si le sujet vous intéresse, c'est la fin de la page 1 et la page 2.
Bonne lecture...
PS : bon vous me direz, Laurioux parle du Haut Moyen-Age. N'empêche, si c'est passé du -Ve siècle grec au +VIIIe siècle occidental sans coup ferrir, je pense qu'on peut rallonger de deux ou trois cents de plus, vu du contexte social.
en fait je suis plus que septique par rapport au sujet de la première enluminure. Ce qui m'a mis la puce à l'oreille c'est ça :
De l'Antiquité, il nous est parvenu un certain nombre de représentations montrant un homme âgé, offrant à un jeune homme un petit lapin. Les textes sont clairs : c'est une invitation de la part de l'homme mur à initier le jeune homme (souvent un athlète) aux plaisirs homosexuels.
Cette enluminure pose la question suivante : est-ce que cette pratique et surtout cette iconographie, est toujours en vigueur au Moyen-Age ?
La réponse est, après quelques recherches, oui. La pédérastie est tolérée jusqu'au XIIIe, et l'homosexualité chez les nobles n'est même pas cachée (Froissart, un grand troubadour, fait l'éloge des seigneurs et de leur " marmouset").
Et pour conclure, petit extrait de l'étude de Laurioux sur le sujet, directement accessible sur internet
"Cette position unique, le lièvre la doit sans doute à sa mauvaise réputation. Aux yeux des théologiens de la Basse-Antiqui té et du Haut Moyen Age, il constitue en effet un animal "particulièrement lubrique" (expression que j'emprunte au DACL, sv "lièvre"). Un topos que l'on lit dans les commentaires du Lévitique en usage à l'époque de Zacharie — prenez, par exemple, celui d'Isidore de Seville ou celui de Bède ( Quisstiones in Leviticum, IX [= PL 83, 326] et Commentarti in Levitici librum, X [= PL 91 : 345]) — explique en effet qu'en interdisant de consommer la chair du lièvre, Dieu a voulu "mettre en accusation les hommes transformés en femmes", autrement dit les homosexuels2. Cette argumentation est reprise telle quelle d'un opuscule consacré aux Aliments des Juifs par un anti-pape du IIIe siècle, Novatien, qui, dans le cadre d'une interprétation strictement allégorique des interdits mosaïques, entendait attribuer à chaque animal impur des vices aussi ignobles qu'imprévus (De cibis judaicis [= PLZ ;957 sq.]). Au lièvre échut donc l'homosexualité.
[...] Pour de longs siècles, "un lièvre" signifiera un homosexuel et les homosexuels eux-mêmes adopteront ce surnom infamant. Il est d'ailleurs troublant de constater qu'une civilisation aussi éloignée que la Chine a procédé à la même assimilation 3. Si Boswell souligne avec raison qu'en approchant l'homosexualité de certains comportements animaux, on a voulu la stigmatiser, il est clair aussi qu'en faisant d'un animal le symbole de l'homosexualité, on le dévalorisait."
et si le sujet vous intéresse, c'est la fin de la page 1 et la page 2.
Bonne lecture...
PS : bon vous me direz, Laurioux parle du Haut Moyen-Age. N'empêche, si c'est passé du -Ve siècle grec au +VIIIe siècle occidental sans coup ferrir, je pense qu'on peut rallonger de deux ou trois cents de plus, vu du contexte social.
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moi ce que je comprends pas, c'est l'espèce de chien de prairie qu'il a sur sa tête... à moins que ce soit un lapin aussi, et un vrai tour de magie ?
Dernière modification par Maude la Chaste le 15 déc. 2009 23:07, modifié 1 fois.
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